La problématique des écrans
Année après année, les écrans prennent de plus en plus de place dans nos vies quotidiennes. De la télévision dans les ménages à partir des années 50 à un ordinateur par chambre, sans compter les téléphones et autres consoles, ils ont envahi notre quotidien.
Ils sont des outils formidables qui nous connectent à une bibliothèque infinie d'informations, des plus importantes aux plus futiles. Chaque question qu'on se pose a une réponse sur un écran. De vidéo amusante en vidéo amusante, on a soudain passé une heure le regard fixé dans le vide, déconnectés du réel.
Il faut avouer que le réel n'est pas toujours bien folichon, avec ses obligations, ses peurs, son stress. Se laisser aller sur notre écran ressemble parfois à une bouffée d'air, un moyen de lâcher prise sur le quotidien. Et nous, les adultes, nous y passons un temps fou. Il suffit d'installer un widget de surveillance du temps d'écran pour s'en rendre compte. On s'aperçoit également qu'il est très difficile de ne pas aller vérifier ses messages ou ses réseaux sociaux si l'appareil est à portée de main. Vous pouvez tester votre résistance en vous installant dans votre canapé, avec votre téléphone à portée de main, et en mesurant le temps que vous tenez sans vous demander s'il n'y aurait pas un message sur telle ou telle application.
Des journalistes ont fait le constat qu'ils n'arrivaient plus à se concentrer sur la lecture d'articles dépassant une certaine longueur. Et que supprimer les écrans un certain temps réactivait leur capacité à le faire. C'est que l'écran, quel qu'il soit, passe son temps à nous solliciter d'un côté puis de l'autre. Il nous fait papillonner. Combien de fois avons-nous ouvert notre téléphone pour envoyer un message à une personne, et l'avons-nous refermé dix minutes après sans avoir écrit le-dit message ? On peut recommencer ce petit jeu jusqu'à 3 ou 4 fois d'affilée avant de se sermonner et de finalement écrire le message initialement prévu. L'écran et en particulier les applications qui sont développées pour lui, n'ont pas pour objectif de nous rendre plus intelligents. Ils peuvent nous rendre service et nous faciliter la tâche, mais il y a un espace de bascule, en deçà duquel c'est lui qui se sert de nous. Nous devenons du "temps de cerveau disponible" pour la société de consommation et ses grands prêtres.
Il est primordial de requestionner notre usage de l'écran. Nos enfants en font les frais à tous les niveaux. Il n'est pas dans la nature d'un enfant de rester sagement assis sans bouger. L'énergie de l'enfance est celle de la pétillance et de la connexion au réel. Il est important de comprendre qu'aucun jeu sur l'écran n'est "éducatif". Des études ont montré que les enfants apprenaient mieux par la relation à leurs parents que par l'écran, et que dans le cas où on combinait la relation et l'écran, ce dernier n'apportait aucun gain en termes d'apprentissages par rapport à la relation seule."Déplacer" un objet avec une souris ou en glissant son doigt sur un écran tactile n'apprend pas à l'enfant à "déplacer". "Déplacer" quelque chose, c'est mettre en mouvement l'ensemble de son corps, programmer un objectif, un geste, et les mettre en action. Tout apprentissage doit passer par le corps en mouvement, afin que le savoir devienne connaissance.Il est utopique de croire qu'un enfant va réussir seul à gérer son temps d'écran. C'est l'équivalent de lui mettre sous le nez un paquet de bonbons en lui intimant l'ordre de ne pas y toucher. D'une façon ou d'une autre, il va probablement trouver un moyen pour se servir sans que vous vous en rendiez compte. Améliorer la relation aux écrans passe par une hygiène qui doit impliquer l'ensemble de la famille.